A la recherche des variations passées du champ magnétique terrestre

Nous cherchons ici à explorer les propriétés magnétiques des objets du patrimoine, plus particulièrement les objets en argile cuite. Notre objectif est d’utiliser la mémoire magnétique de ces matériaux pour retracer le plus finement possible les variations passées du champ magnétique terrestre.

Le phénomène de rémanence magnétique est lié pour les objets en argile cuite (tels que des fours, des foyers, des céramiques ou bien encore des briques ou des tuiles) à l’acquisition d’une aimantation thermorémanente stable lors du dernier cycle de chauffe et de refroidissement à relativement haute température. Cette aimantation a une direction identique à celle du champ magnétique terrestre ambiant et une intensité proportionnelle à ce même champ. Lorsqu’ils sont datés, ces objets permettent ainsi de retracer l’histoire passée du champ géomagnétique pour une région donnée et leur analyse constitue le champ d’étude de l’archéomagnétisme. En retour, une courbe bien établie peut servir d’outil de datation archéomagnétique dont la fiabilité et la performance dépendent de la précision de la courbe de variation et des variations elles-mêmes.

Nos études en archéomagnétisme concernent principalement l’Europe de l’Ouest. Elles visent à retracer finement dans cette région du globe les variations de l’intensité géomagnétique au cours des deux, trois derniers millénaires. Nous cherchons notamment à détecter des fluctuations rapides de l’intensité, à l’échelle multidécennale (Genevey et al. 2009) qui sont particulièrement propices aux datations archéomagnétiques. En cherchant à établir des courbes de variations de haute résolution en intensité, nos données participent également au débat lié à l’interprétation géomagnétique des fluctuations rapides. Les pics d’intensité ont notamment été proposés en Eurasie comme marqueur d’un nouveau type d’événement géomagnétique, les jerks archéomagnétiques (Gallet et al., 2003) ponctuant la variation séculaire du champ magnétique terrestre avec un lien proposé entre ces jerks et les variations climatiques observées aux mêmes échelles de temps (Gallet et al. 2005, 2006).

Nos études, où les applications tournées vers le géomagnétisme et l’archéologie se font constamment échos, sont menées en collaboration de l’Institut de Physique du Globe de Paris.