Journée d’étude “Le Geste du Peintre : matériaux, perception, émotion”

Le Mercredi 4 septembre 2013 Paris, Université Pierre et Marie Curie, 4 place Jussieu (amphi 25)

Une journée d’étude interdisciplinaire organisée par Jean-Pierre Changeux et Philippe Walter, avec le soutien de l’UPMC, du CNRS, de la région Ile de France – DIM Analytics, du LABEX Michem, de l’Institut Art & Droit.

Ce colloque a été organisé à la suite de deux constats :
1. Des progrès fantastiques se font dans le domaine des neuro-sciences et de l’imagerie fonctionnelle. Les applications aux arts se développent.
2. Un important effort est également réalisé dans le domaine de l’analyse physico-chimique pour offrir de nouveaux moyens aux études sur les œuvres d’art. Ici à l’UPMC, le LAMS a été créé en janvier 2012.

INTERVIEW SUITE A CETTE JOURNEE sur le site de l’Institut Art et Droit : l’interview de Jean-Pierre Changeux et Philippe Walter :  http://www.artdroit.org/NewsletterOctobre2013.htm#T1

Bilan de la réunion :

180 inscrits, venant d’horizons très différents : chercheurs dans le domaine médical, des neurosciences, de la chimie, de l’histoire de l’art, de la littérature mais aussi des artistes, des restaurateurs de tableaux, des avocats, des journalistes, des personnes en charge de médiation culturelle, de communication, des responsables de galeries d’art ou de fondations d’artistes, … des doctorants et quelques étudiants de licence et de master.

Programme :

8h45-9h15 Accueil des participants

9h15-9h30 Introduction, par Philippe Walter

Session 1 – Mise en place interdisciplinaire

Présidence de la session 1 : Florence Babonneau (Laboratoire de Chimie de la Matière Condensée de Paris, UPMC/CNRS/Collège de France)

9h30-9h55 Jean-Pierre Changeux (Collège de France et Institut Pasteur),Pour une neuroscience de l’art et des règles de l’art.

9h55-10h20 Philippe Walter (Laboratoire d’archéologie moléculaire et structurale, UPMC/CNRS), La chimie qui conduit à une archéologie de l’atelier du peintre.

Les nouvelles technologies pour l’analyse chimique permettent d’envisager autrement la caractérisation des matériaux constitutifs des œuvres d’art, sans déplacer les œuvres, ni prélever d’échantillon. Ces données permettent de reconstituer certaines des activités qui étaient présentes dans l’atelier des artistes.

10h20-10h45 Arnaud Pierre (Centre André Chastel, Université Paris-Sorbonne), Théâtre psychique. Cybernétique et sciences du cerveau dans l’art lumino-cinétique.

La fantasmatique de l’ère cybernétique et des sciences du cerveau a tourné bien des artistes des années 1950-1960, utilisant notamment la lumière et les projections colorées, vers des propositions visuelles censées élaborer un “théâtre psychique” dont le contenu pourrait être “introduit dans l’esprit” plutôt qu’exprimé dans un langage verbal ou formel articulé, et cela en s’appuyant sur une hypothétique capacité de transmission et de percussion par la lumière directement au stade de la “perception neuronienne” et non plus seulement “rétinienne”

10h45-11h05 Discussion

Session 2– Motivations

Présidence de la session 2 : Laurent Cohen (CRICM, UPMC / INSERM / Pitié-Salpêtrière)

11h30-11h55 Mathias Pessiglione (CRICM, UPMC / INSERM / Pitié-Salpêtrière), Comment le cerveau motive nos actions.

Les recherches en neuro-économie ont commencé à déchiffrer la représentation cérébrale des valeurs qui guident notre comportement.

11h55-12h20 Charlotte Ribeyrol (Voix anglophones : littérature et esthétique, Université Paris-Sorbonne), Synesthésies victoriennes : du poème au tableau, du tableau au poème.

Cette communication analysera le parcours sensoriel et poétique d’A.C. Swinburne (1837-1909), qui fut le chantre des correspondances baudelairiennes et de l’ « Art pour l’Art » en Angleterre, à travers quelques tableaux de ses contemporains (James McNeill Whistler, Albert Moore).

12h20-12h45 Helen Glanville (Hamilton Kerr Institute, University of Cambridge, UK), « L’Esprit anime la matière ». Couleur et perception dans la peinture de Nicolas Poussin.

L’intérêt pour l’optique de la part de Nicolas Poussin (1594-1665) est bien reconnue du côté théorique ; qu’il se soit appliqué à traduire cet intérêt en matière picturale – en couleur – est un côté méconnu, en dépit du fait que ses collègues et contemporains l’ont commenté.

12h45-13h05 Discussion

Session 3 – Perceptions

Présidence des sessions 3 et 4 : Gérard Sousi, Art & Droit

14h30-14h55 Yves Frégnac (Unité de Neurosciences, Information et Complexité, CNRS, Gif-sur-Yvette), Visions de l’Intérieur : quand l’œuvre d’art « résonne » avec l’architecture perceptive du Cerveau.

Les premières peintures rupestres ou les œuvres psychédéliques attestent de formes présentant une forte invariance géométrique. Certains tableaux génèrent chez l’observateur des illusions puissantes de profondeur ou de mouvement. Des compositions multiéchelles comme les peintures surréalistes de Dali créent une alternance de percepts qui reflète le combat entre les hémisphères dans l’accès à la conscience du « perçu ». J’illustrerai la thèse selon laquelle le sens esthétique survient souvent comme une résonance particulière entre ce que le cerveau cherche dans sa mémoire cachée des « chants corticaux » et ce qui lui est offert à voir.

14h55-15h20 Agnès Rouveret (Archéologies et Sciences de l’Antiquité, Université Paris X Nanterre), Le geste du peintre et l’œuvre antique : entre fiction et réalité.

Dans les sources grecques et latines, les créations des peintres grecs, de Zeuxis à Apelle, sont présentées comme des chefs d’œuvre dont les pouvoirs de séduction et d’émotion sur le public sont immenses. D’exceptionnelles découvertes archéologiques et des méthodes sans cesse perfectionnées d’analyse des matériaux et des images numériques ont radicalement bouleversé notre vision de la peinture grecque classique et hellénistique. Avec un paradoxe apparent, ces nouvelles couleurs de la peinture antique donnent une intensité inédite aux descriptions des tableaux célèbres de l’Antiquité transmises par la tradition gréco-romaine qui ont inspiré les peintres depuis la Renaissance.

 15h20-15h45 Jérôme Pelletier (EHESS, Institut Jean Nicod) et Stéphanie Dubal (CRICM, UPMC / CNRS / Pitié-Salpêtrière), De la trace du geste en peinture à l’émotion ressentie.

Nous présenterons une étude de l’impact de la trace du geste sur l’émotion esthétique, avec une double approche philosophique, et de psychologie expérimentale.

15h45-16h05 Discussion

Session 4 – Créations

16h35-17h00 Emmanuelle Volle (CRICM, UPMC / INSERM / Pitié-Salpêtrière), Les aspects cognitifs de la créativité et leurs bases cérébrales

La créativité d’un individu, définie comme la capacité à réaliser une production à la fois originale et appropriée, résulte en partie d’opérations mentales pouvant être reliées au fonctionnement du cerveau. Quelles sont ces opérations, et quels ensembles de régions cérébrales les sous-tendent?

17h00-17h25 Laurence de Viguerie (Laboratoire d’archéologie moléculaire et structurale, UPMC/CNRS), Formulation et propriétés rhéologiques des médiums et liants pour la peinture à l’huile.  

Le rendu final d’une peinture de chevalet dépend des propriétés d’écoulement de la matière picturale utilisée: traces de doigts ou de pinceau, coulures et empâtements. Ces signes du travail de l’artiste sont autant d’indices de la composition de la peinture et de son évolution à travers les siècles.

17h25-17h40 Discussion

Conclusions

17h40-18h30 Conclusions et discussions par Eric de Chassey (ENS Lyon / Villa Médicis), Christian Amatore (ENS) et Jean-Pierre Changeux (Collège de France et Institut Pasteur)